mardi 18 février 2014

Une note sur la contamination du sol

This article in english.

Louise:

En lisant beaucoup sur le jardinage, on finit tôt ou tard par prendre conscience des conséquences de la contamination des sols sur la culture et la consommation de plantes comestibles. Plusieurs substances peuvent contaminer le sol. Je me contenterai de survoler le sujet. J'ai ajouté, à la fin de cet article, des références appuyant les informations que je vous transmets ici.

La présence possible de plomb aux abords de notre maison ne m'empêche pas de jardiner, mais avec les précautions qui s'imposent.

À ma connaissance, la contamination la plus courante autour des fondations des vieilles maisons en bois peint est le plomb, à cause de l'usage des peintures extérieures qui, dans un passé pas si lointain, en contenaient. En grattant l'ancienne peinture avant de repeindre, les pelures se sont retrouvées au sol où elles ont été lentement enterrées avec les années.

Mais sur nos terrains, il y a aussi la contamination plus moderne à l'arsenic, à cause du bois traité utilisé dans la construction des galeries, balcons et patios. On peut encore parler de contamination accidentelle quand un vieux réservoir d'huile à chauffage s'est mis à fuir et de celle causée par la créosote contenue dans les traverses de chemin de fer, utilisées pour créer des murets ou des rebords de plates-bandes ou de trottoirs, entre autres.

De plus, la terre de remplissage utilisée au moment du terrassement d'une maison nouvellement construite pourrait potentiellement réserver de désagréables surprises, car ce ne sont pas toutes les entreprises de terrassement qui ont été ou sont soucieuses d'écologie. 

Enfin, la proximité d'usines et de circulation routière intense peut amener des métaux lourds avec la poussière que le vent charrie.

Lorsque cette arche vieillissante s'est écroulée, il y
a deux ans, nous avons fait le choix de ne pas la
reconstruire, car l'endroit reçoit une assez bonne
dose de soleil, ce qui pouvait me permettre d'
y
faire pousser quelques légumes
. Mais comme nous
avions utilisé du 
bois traité à l'arsenic pour cette
construction, je dois maintenant me contenter
de cultiver mes plantes comestibles dans des
contenants déposés sur le sol.
En cas de doute, vous pourriez faire analyser votre sol. Évidemment, la décontamination est loin d'être à la portée de toutes les bourses. Mais pour pouvoir quand même jardiner, il existe quelques moyens pour contourner le problème si celle-ci est importante et qu'on ne peut l'éliminer. La solution la plus simple et la plus radicale est la culture en bacs et en pots dans du terreau neuf.

Personnellement, vivant dans une belle vieille victorienne centenaire, je me doute bien que toute cette vieille peinture grattée a été laissée là où elle est tombée, imprégnant le sol de plomb. Mais il y a deux bonnes nouvelles : les plantes n'ont pas naturellement tendance à absorber beaucoup de plomb. De plus, ce métal est stable et reste là où il est tombé. Il ne s'en ira donc pas par lui-même, mais n'ira pas s'étendre partout alentour. Et puis, quand les plantes l'absorbent, il se retrouve dans les tiges et les feuilles, pas dans les fruits des plantes potagères ou fruitières. Quant aux racines et tubercules, le plomb s'accumulerait surtout à leur surface (plus exactement, dans la terre qui colle aux racines). 

Par contre, la quantité de plomb imprégnant les fruits serait infime ou inexistante. Les mises en garde prodiguées par les gouvernements et universités concernent donc les feuilles, racines et tubercules des légumes. Des plantes donnant une récolte de fruits sont donc considérées comme sécuritaires à manger sans précautions particulières. N'oubliez pas qu'au sens botanique, un fruit est la partie de la plante qui est porteuse de semence (graines ou noyau) et qui provient d'une fleur fécondée : tomate, courge, piment, concombre, aussi bien que raisin, fraise ou pomme.

L'Université de Californie considère qu'il y a plus de risques pour le jardinier à inhaler de la poussière contaminée au plomb pendant ses activités de jardinage qu'à consommer ses légumes s'ils sont bien lavés. Pour les récoltes de feuilles, racines et tubercules, elle conseille les mesures suivantes: 

- Déposer de la terre neuve pour former des plates-bandes surélevées afin d'éviter que les légumes entrent en contact avec le plomb.
- S'assurer que le sol est très riche en matières organiques, car celles-ci emprisonnent le plomb et empêchent les plantes d'y accéder.
- Y ajouter un compost riche en phosphore et tenir le pH neutre ou légèrement alcalin (mais pas en haut de 7,5 pour ne pas nuire à la santé des plantes). Éviter les sols acides, qui stimulent l'absorption du plomb par les plantes.
- Bien laver les feuilles, frotter les racines pour en détacher toute trace de terre, peler la peau des tubercules.

Juste au pied de l'escalier de pierres, un petit
plant de melon d'eau Sugar Baby a réussi à me
donner 3 melons. En arrière-plan, on aperçoit
les feuilles vertes d'un plant d'aubergine.
Mais personnellement, je préfère être plus prudente encore. Donc, dans un rayon de 10 pieds (3 m) autour de la maison, à part les ornementales, j'ai décidé de cultiver seulement des plantes comestibles qui donnent des fruits : tomates, haricots, pois, cerises de terre, piments, fraises, par exemple. J'évite aussi les légumes-racines, même si la recommandation officielle est de simplement les éplucher ou de les brosser vigoureusement. Par contre, je ne me gêne pas pour cueillir et consommer les diverses fleurs comestibles qui enlacent la maison. Et bien sûr, rien ne m'empêche de cultiver en pots ou en jardinières les feuilles ou racines des autres légumes.

Hélène :


J'ai aussi lu que certains champignons s'imprègnent de plomb de part en part. Bien que le domaine soit encore jeune, des scientifiques ont réalisé qu'en effet, certains champignons avaient la capacité à nettoyer certains polluants, non seulement des toxines chimiques mais aussi des métaux lourds. Ce domaine se nomme mycorestoration et plus spécifiquement mycoremédiation (voici  mon livre-source et une conférence Ted Talk de Mr. Stamets sur le sujet).

Cette magnifique petite morille a poussé juste au pied de notre entrée de côté. Je ne sais pas si elle fait partie des champignons capables d'absorber le plomb ou d'autres métaux lourds, mais je n'ai pas voulu courir de risque. Je me suis contentée de la photographier...
Pour plus de détails ou pour commencer à faire votre propre recherche, vous pouvez consulter les publications suivantes :
Qualité du sol (Gouvernement du Canada)
Saturnisme (Wikipédia)
Home Gardens and Lead (University of California)

3 commentaires:

  1. J'avais le même problème pendant des années jusqu'au jour l'état avait décidé de payer l'enlèvement de l'ancienne infrastructure. Il faut dire que c'est risqué d'avoir du plomb autour de votre maison, si c'était là avant la construction de votre maison, il est peut-être la responsabilité de l'état de l'enlever. Je vous souhaite bonne chance pour votre avenir et que la plombe soit enlevée.

    http://www.demospec.ca/fr/services/decontamination-2

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    1. Merci! À ma connaissance, le gouvernement n'a pas de programme pour décontaminer le plomb dû à la peinture autour des maisons. Ce serait donc à nos frais. Mais comme le plomb est stable dans le sol, il s'agit simplement de ne pas le déranger et de ne pas planter n'importe quoi. Bon jardinage de votre côté de l'Atlantique !

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  2. J'avais le même problème pendant des années jusqu'au jour l'état avait décidé de payer l'enlèvement de l'ancienne infrastructure. Il faut dire que c'est risqué d'avoir du plomb autour de votre maison, si c'était là avant la construction de votre maison, il est peut-être la responsabilité de l'état de l'enlever. Je vous souhaite bonne chance pour votre avenir et que la plombe soit enlevée.

    http://www.demospec.ca/fr/services/decontamination-2

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